III.2.POINT DE VUE ESTHETIQUE:
III.2.1.GENERALITES:
L'impression esthétique produite par une image est, évidemment, extrèmement subjective. Il est cependant possible de distinguer
un certain nombre de facteurs objectifs, d'ordre physique, physiologique ou culturel qui agissent d'une manière significative sur
cette impression. En infographie, la connaîssance de ces facteurs aide à composer de manière rationnelle des images correspondant
aux effets recherchés. Les paragraphes qui suivent abordent ces notions et leurs conséquences sur le cadrage et la composition
d'une photographie.
III.2.2.CHOIX D'UN FORMAT D'IMAGE:
FORMAT PORTRAIT ET FORMAT PAYSAGE:
Les panneaux photosensibles des appareils photographiques numériques ont, en général, une forme rectangulaire respectant la
proportion 4/3 entre largeur et hauteur. Les photographies sont donc captées à l'origine dans ce format, souvent appelé "format
paysage". Le photographe a la possibilité de basculer l'appareil de 90°, de façon à inverser largeur et hauteur (proportion
3/4). Le format des photographies prises de cette manière est habituellement appelé "format portrait".
Bien que notre vision binoculaire nous permette de capter la lumière sur près de 180° dans le plan horizontal, l'angle à
l'intérieur duquel nous percevons nettement les formes sans déplacer notre axe de vision ne dépasse pas, en pratique, 45 à
50 degrès. Cette valeur correspond à peu près à l'angle de champ d'un objectif de 50 mm de focale. Dans le sens de la hauteur,
notre angle de vision est encore plus réduit. L'interception de notre champ de vision par un plan perpendiculaire à notre axe
de vision présente sensiblement la forme d'un rectangle dont la proportions largeur/hauteur est sensiblement égale à 4/3
(c'est donc un "format paysage", ce qui explique probablement le succès de ce format pour la photographies ou les écrans vidéo).
En général, les distances depuis lesquelles on observe une photographie ou un écran de télévision sont telles que leurs images
tiennent très largement dans notre champ de vision: a 3 mètres des yeux les dimensions du rectangle correspondant à un champ de
vision de 45° sont d'environ 2,5 m sur 1,85 m, ce qui est largement supérieur aux dimensions d'un écran de télévision courant,
par exemple. De même, la largeur angulaire d'une photographie de 20 cm de large, observée à 35 cm des yeux n'est que de 32 degrès,
donc bien inférieure au champ de vision humain.
CHOIX DU FORMAT PAYSAGE:
De ce qui précède, nous pouvons déduire qu'une photographie prise au format 4/3 avec une focale inférieure à 50 mm permet à
notre vision d'embrasser un espace qu'elle ne pourrait, dans la réalité, voir en entier sans un mouvement des yeux ou de la tête.
Ce format engendre donc une impression de confort visuel, de calme, de stabilité et d'espace qui convient bien aux représentations
de paysages en cadrage large et avec une grande profondeur de champ (donc une focale plutôt faible). C'est ce qui explique son
appellation. La contrepartie peut être une impression de froideur, de statisme et de monotonie.
CHOIX DU FORMAT PORTRAIT:
La vision humaine correspondant plutôt à un format 4/3, une photographie au format "portrait" correspond beaucoup moins à notre
champ de vision: si l'on veut y faire entrer toute la hauteur de l'image, notre vision embrassera forcément en largeur des
détails de l"environnement qui parasiteront notre perception. Dans le cas contraire, nos yeux seront astreints à balayer l'image
dans le sens de la hauteur pour la voir en entier. D'où un inconfort et un déséquilibre qui favorise plutôt les impressions
d'action et de dynamisme, mais aussi de proximité et d'empathie. Ce format convient donc bien pour les portraits (d'où son nom).
Il permet également un meilleur rendu de certaines scènes (cascade, escalade,clochers, phares, etc.) ou la verticalité a son
importance. L'impression de dynamisme et de perspective est bien meilleure que dans le cas d'un format portrait.
EXEMPLE:
Les deux photographies suivantes représentent le même sujet principal. Celle qui est prise au format portrait, restitue beaucoup
mieux la perspective, la verticalité, la dynamique du sujet. Elle suggère le mouvement vers le haut, l'escalade. Dans celle qui
est au format paysage, ces impressions sont perçues plus faiblement.
III.2.3.CHOIX DU PLAN: LARGE OU RAPPROCHE?
Une photographie est la plupart du temps composée autour d'un "sujet principal". Ce sujet peut être un personnage, un animal, un
groupe ou même une chose (un arbre, un monument, etc.). Au moment de la photographie, ce sujet se trouve dans un certain
environnement. Suivant les intentions du photographe, l'environnement revétira plus ou moins d'importance:
- Dans un portrait, le sujet est souvent cadré en plan rapproché et son environnement réduit au minimum, voire flouté.
Ce dispositif traduit l'intention de ne s'attacher qu'à la personnalité du sujet, indépendemment de tout contexte
social, spatial ou temporel.
- En revanche, si l'intention est de représenter le sujet dans son rôle social, familial ou professionnel, le
contexte environnemental pourra devenir un acteur important de la scène. Dans ce cas, le cadrage sera plus large, afin
d'intégrer des éléments significatifs de cet environnement.
C'est donc en grande partie l'importance de la relation sujet-environnement dans ce que l'on a l'intention de montrer qui va
déterminer le choix du plan: plus un sujet est cadré serré, plus il prend de l'importance et plus son environnement en perd.
Un cadrage large met de la "distance" entre le sujet et l'observateur, à la fois sur le plan physique et sur le plan psychologique.
En revanche, un cadrage serré crée une impression de proximité (à la fois physique et psychologique), voire de familiarité,
favorisant l'empathie avec ce sujet.
TYPE DE PLAN | CARACTERISTIQUES | EXEMPLES D'UTILISATION |
PLAN GENERAL |
L'image représente tout un panorama. Le sujet principal (s'il existe) est cadré très large, souvent dans un
coin de l'image. Il apparaît donc très petit par rapport à l'environnement et les détails de sa constitution sont
difficilement identifiables. L'empathie avec le sujet est forcément très faible, celui-ci étant souvent réduit à
une simple silhouette. |
Ce type de plan s'emploie surtout lorsqu'on veut faire ressortir l'impression se dégageant d'un certain
environnement, d'un paysage, d'un panorama. Le sujet, lorsqu'il existe, n'est là que pour renforcer cette impression
et en faire percevoir l'échelle. |
PLAN D'ENSEMBLE |
Par rapport à un plan général, le sujet est cadré plus serré, de façon à être identifiable. Bien que l'impression
de proximité avec lui reste plutôt faible, il est perçu comme un "acteur" principal. Sa relation avec l'environnement
est bien plus mise en valeur et apparaît plus équilibrée. |
L'intention du photographe est de s'intéresser surtout a la relation du sujet avec l'environnement. Sujet et
environnement ont sensiblement une égale importance. |
PLAN MOYEN |
Un sujet principal est représenté dans son ensemble, avec un cadrage serré. Tous les détails du sujet sont bien
identifiables, ce qui augmente les impressions de proximité et d'empathie que ressent l'observateur à son égard.
L'environnement, bien qu'il soit encore visible, perd beaucoup de son importance: il n'est plus qu'un décor destiné
à "mettre en scène" le sujet. |
Ce cadrage est utilisé lorsque le but recherché est la représentation d'un sujet interessant par lui même dans
son intégralité physique. L'environnement sert surtout à mettre en valeur le sujet, d'un point de vue physique ou
psychologique. Ce type de cadrage conviendra aux photographies de mode, à la représentation d'un personnage ou d'un
groupe caractéritiques, d'un monument intéressant, etc.)
|
PLAN RAPPROCHE |
Le sujet n'est plus cadré entièrement (par exemple, un personnage est photographié à partir de la taille ou de
la poitrine). L'environnement devient un simple arrière-plan dont il n'est pas nécessaire de percevoir parfaitement les
détails (il peut même être volontairement flouté). L'impression de proximité avec le sujet est évidemment très forte.
(Nota: le plan américain est un plan rapproché cadré à mi-cuisse) |
Ce plan est utilisé dans le portrait classique, lorsqu'il s'agit de caractériser la personnalité d'un sujet
d'une manière globale, intemporelle, dégagée du quotidien et de l'environnement. |
GROS PLAN |
Dans ce cas, l'environnement n'a plus d'importance. L'intention est de mettre en valeur une partie d'un ensemble. Dans
le cas d'un portrait, par exemple, seul le visage et le cou seront cadrés, ce qui établit une grande intimité avec le sujet
en favorisant l'expression de ses sentiments du moment.
|
Portraits à caractère psychologique, études de détail (détails architecturaux, etc.). |
EXEMPLE I: PLAN D'ENSEMBLE.
Dans la photographie ci-dessous, le château semble être le sujet principal. Cependant, nous voyons bien que l'intention du photographe
est moins de s'intéresser au sujet en lui-meme que d'exprimer sa relation avec l'environnement:
EXEMPLE II: PLAN MOYEN.
La photographie ci-dessous représente le même château cadré beaucoup plus serré afin de concentrer l'attention de l'observateur
sur le sujet lui-même. L'environnement perd de l'importance et n'est là que pour "mettre en scène" le sujet.
III.2.4.CHOIX DU POINT DE VUE:
Pour une focale donnée, un point de vue éloigné du sujet produira un cadrage plus large qu'un point de vue rapproché.
La distance du sujet à l'observateur agira donc de la même manière que le cadrage: la proximité favorise l'empathie.
D'autre part, indépendemment de sa distance au sujet, la hauteur de l'observateur par rapport à celui-ci agit notablement sur
l'impression ressentie:
- Si l'observateur est situé à la même hauteur que le sujet, il aura l'impression d'être à égalité avec lui.
Dans le cas d'un plan rapproché sur un personnage, un point de vue à hauteur du visage évoquera une situation d'échange, de
discussion, de familiarité avec celui-ci.
- En revanche, si l'observateur est situé au dessus du sujet (prise de vue "en plongée"), l'impression de
domination qu'il ressentira, conjuguée au phénomène d'écrasement des perspectives, auront un effet péjoratif sur la
perception qu'il aura de ce sujet: celui-ci apparaîtra plus petit et plus faible que nature. Ce type de visée permet d'évoquer
des situations de faiblesse, d'inquiétude, de danger, d'appel à l'aide.
- Enfin, si l'observateur est situé en dessous du sujet (prise de vue "en contreplongée"), il se sentira
au contraire dominé par lui. L'accentuation des perspectives qui résulte de ce type de visée tendra à lui faire percevoir
le sujet plus grand, plus imposant, plus fort que nature. Ce type de visée permet donc de présenter une image magnifiée du
sujet, avec en contrepartie des impressions de distance, de dureté et d'indifférence qui peuvent engendrer une certaine
antipathie à son égard.
EXEMPLE: CONTREPLONGEE.
La photographie ci-dessous, prise en contreplongée, "magnifie" le sujet en augmentant la perspective:
III.2.5.POSITIONNEMENT DES ELEMENTS:
UTILISATION DE LA SECTION D'OR:
Un photographe débutant a instinctivement tendance à cadrer une photographie de façon à positionner le sujet principal sur la
ligne verticale séparant l'image en deux parties. Si le sujet est cadré large, il aura tendance à le positionner au centre de
l'image. Or, bien qu'il ne soit pas question de la proscrire totalement, cette solution est rarement la plus esthétique: la
symétrie qui en résulte engendre des impressions d'immobilité, de banalité, d'ennui (mais, bien sûr, ces impressions peuvent
être recherchées).
En fait, pour obtenir une impression harmonieuse et agréable, il est conseillé de positionner les différents éléments d'une
photographie en alignant leurs frontières sur des lignes la partageant suivant des proportions bien particulières. Ces proportions
semblent liées au "nombre d'or", qui est la limite du rapport entre deux termes consécutifs de la suite de Fibonacci lorsque elle
tend vers l'infini (suite dont le terme de rang n est la somme des termes de rang n-1 et n-2). Cette limite étant à peu près
égale à 1,618, la "section d'or" correspond à peu près au partage d'un segment AB suivant les proportions 61,8 % - 38,2 %
( 2,618/1,618 = 0,618).
Dans la pratique, on confond cette proportion avec le partage 1/3 - 2/3 (33,3 % - 66,66 %). Le partage d'un segment dans le
rapport 1/3 - 2/3 est assez facile à déterminer à l'oeil nu. Il est utilisé de différentes manières pour découper l'image en
zones dans lesquelles ou à la frontière desquelles les éléments importants devront être positionnés.
ALIGNEMENT SUIVANT DES SECTIONS HORIZONTALES ET VERTICALES
Une première manière de disposer les éléments harmonieusement consiste donc à les aligner sur des lignes horizontales ou
verticales partageant la photographie suivant le rapport 1/3 - 2/3 (ou 2/3 - 1/3), ou bien, si ces éléments sont relativement petits,
à les positionner aux intersections de ces lignes.
PAR EXEMPLE:
- On alignera la ligne d'horizon à un tiers de la hauteur d'une photographie si l'on vise à l'horizontale ou aux deux tiers
de la hauteur, si l'on vise en plongée:
- On alignera les limites du sujet principal au tiers ou aux deux tiers de la largeur et de la hauteur:
- Lorsque le cadrage est large, placer le sujet principal au centre de l'image donne une impression un peu statique. il
est souvent préférable de le cadrer dans les bandes latérales du quadrillage 1/3 - 2/3 ou bien de le centrer sur les intersections
des lignes:
ALIGNEMENT SUIVANT DES SECTIONS ORIENTEES SUIVANT LES DIAGONALES
Une autre manière de procéder est d'utiliser des alignements par rapport aux diagonales et à des sections 1/3 - 2/3 pratiquées
dans le sens de ces diagonales. Ce type d'alignement renforce les perspectives et, de ce fait, crée une impression plus dynamique:
PAR EXEMPLE:
EQUILIBRAGE DES MASSES:
Il semble que lorsque nous observons une image, notre esprit attribue à chaque entité qui forme cette image une "masse", qui
est fonction non pas de sa masse réelle, mais plutôt de sa surface apparente (un objet relativement petit mais proche de nous
peut donner une impression de masse supérieure à un gros objet éloigné). De ce fait, suivant la répartition de ces masses
dans l'image, celle-ci donnera une impression d'équilibre ou de déséquilibre.
Lorsque les masses apparentes se répartissent dans la largeur de l'image de manière à ce qu'elles s'équilibrent comme sur une
bascule, nous aurons une impression d'équilibre, de calme, d'harmonie. Dans le cas contraire, le déséquilibre apparent créera
une impression de malaise. De même, pour avoir cette impression d'équilibre, les masse importantes doivent être placée en bas
de l'image.
PAR EXEMPLE:
Dans l'image ci-dessous, la masse apparente de la statue semble équilibrer celle du château:
SENS DE LECTURE DES IMAGES:
Enfin, il semble que lorsque nous prenons connaîssance d'une image, notre vision ait tendance à la balayer de gauche à
droite et de haut en bas. Ce mécanisme semble établi même chez les personnes dont la langue maternelle se lit de droite
à gauche (il est vrai que les mathématiques, langage universel, utilisent pratiquement toujours le sens gauche-droite
lorsqu'il faut figurer une progression). De ce fait:
- Comme nous explorons les images de droite à gauche, en commençant par le haut, l'exploration de l'image complête
demande moins d'aller-retours en format paysage qu'en format portrait. Une image en format paysage est donc analysée
plus rapidement qu'une image portrait.
- Nous avons tendance à associer la gauche d'une photo au passé et la droite à l'avenir: un personnage
regardant vers la gauche donnera ainsi une impression de mélancolie et de regret alors qu'un regard tourné vers là
droite nous paraîtra plus optimiste, plus joyeux.
- Les éléments d'une image placés sur sa diagonale descendante seront ceux que nous percevrons le plus rapidement
(ce qui justifie probablement l'expression "lire en diagonale").
III.3.POINT DE VUE TECHNIQUE:
III.3.1.COMPOSANTS CONCERNES:
Le cadrage d'une photographie est défini par trois éléments:
- La direction de l'axe optique de l'objectif, qui détermine le centre de l'image. La direction
de l'axe optique est déterminée par le photographe au moyen du VISEUR
- La position de l'appareil par rapport au sujet, c'est à dire le point de vue adopté.
C'est cette position qui détermine la largeur et la hauteur angulaires apparentes des différentes
masses pour un observateur situé en ce point.
- L'angle de champ, qui détermine la largeur et la hauteur angulaires de la région de l'espace
qui pourra être captée par l'appareil. le chapitre précédent nous a permis d'établir que l'angle de champ
d'un objectif était fonction de sa distance focale, qui est une caractéristique (réglable ou non) de
l'OBJECTIF.
III.3.2.REALISATION D'UN CADRAGE ADAPTE AUX EXIGENCES:
Nous supposerons que le photographe, en s'appuyant notamment sur les principes énoncée au paragraphe III.2, a fini d'élaborer la
composition qu'il veut donner à sa photographie. En ce qui concerne le cadrage, ceci implique que les paramètres suivants soient
déterminés:
- Le format de l'image (portrait ou paysage).
- Le type de plan convenant le mieux à la composition.
- Les différents éléments qui doivent figurer sur la photographie (sujet principal et autres éléments de
l'environnement)
- Les alignements que l'on désire réaliser.
Dans ces conditions la problématique technique va se résumer (en ce qui concerne le cadrage) à rechercher d'un ANGLE DE CHAMP
permettant d'englober l'ensemble de la composition tout en réalisant les alignements voulus. L'angle variant inversement à la
distance focale de l'objectif, le problème se résume à trouver une focale convenable. Nous nous trouverons dans l'un des
trois cas suivants:
- Soit l'appareil est équipé d'un objectif à focale variable (zoom). C'est le cas le plus facile: il suffit de pointer
l'appareil de façon à réaliser les bons alignements, puis de faire varier la focale jusqu'à ce qu'on obtienne un angle de
champ correct.
- Soit l'appareil est équipé d'un objectif à focale fixe mais interchangeable. Dans ce cas, en visant de façon à réaliser
les bons alignements, il suffit d'essayer plusieurs objectifs de focales différentes jusqu'à obtenir un angle de champ
convenable.
- Si notre appareil est équipé d'un objectif non amovible ou bien si, étant dans les cas n° 1 et 2, il nous a été
impossible d'obtenir un angle de champ convenable, il ne nous restera plus qu'à faire varier le point de vue (par exemple,
en se reculant ou s'avançant pour diminuer ou augmenter la largeur apparente de la scène).
- Enfin, si toutes ces manipulations ont donné des résultats non satisfaisants, il ne nous restera plus qu'à revoir notre
composition.
REMARQUE:
En pratique, ces manipulation ne sont vraiment possibles que si l'appareil est posé sur un pied et si l'on dispose d'une
durée suffisante pour réaliser à la fois un cadrage correct et des alignements précis. Si l'appareil est tenu en main, ou si l'on
dispose de peu de temps (scènes en mouvement, par exemple), il faudra se contenter d'approximations. Il sera alors plus pratique de
cadrer plus large que nécessaire, quitte à corriger après coup avec un logiciel de traitement d'images. Toutefois, il faut garder à
l'esprit que le fait de modifier le cadrage d'une photographie (donc, forcément réduire le nombre de pixels) amènera une dégradation
de la définition plus ou moins importante suivant l'ampleur de la correction effectuée. Il ne faudra donc pas abuser du procédé.
III.3.3.EXEMPLE:
COMPOSITION DE L'IMAGE:
Dans le schéma ci-dessus, le sujet principal est le château lui-même. Le photographe veut en donner une image restituant
l'impression esthétique globale qui s'en dégage. Il désire intégrer des éléments de l'environnement permettant de "mettre
en scène" son sujet sans trop distraire l'attention. Il choisira donc une prise de vue en plan moyen qui lui permettra
d'inclure des éléments significatifs de l'environnement proche tout en donnant du sujet une vue assez détaillée. Le format
paysage s'imposera pour exprimer le calme, l'élégance et la majesté du sujet.
La statut située à gauche du château constitue un bon élément évocateur de l'environnement. De plus, son inclusion dans
la photographie permettra d'équilibrer la masse du château et renforcera l'impression de perspective. Du côté droit, le bord
de l'image pourra se situer un peu après l'extrémité droite de la façade.
D'autre part, pour obtenir un positionnement harmonieux, il paraît intéressant d'aligner l'extremité gauche de la facade au
tiers de la largeur de l'image et la base du château au tiers de sa hauteur.
Toutes ces dispositions pourraient être remises en cause par des éléments extérieurs: position du soleil, impossibilité
d'adopter certains points de vue (absence de recul, obstacles, etc...). Il faudrait donc modifier la composition en conséquence.
CADRAGE:
Une fois la composition déterminée, il faudra rechercher un cadrage qui permette de la mettre en pratique. Pour cela, la démarche
la plus efficace est d'effectuer une première visée en essayant d'obtenir les bons alignements. Cette visée sera effectuée avec
un angle de champ très large, de façon à avoir le plus de chances possibles de cadrer tous les éléments de la composition. Si
l'on est équipé d'un zoom, il suffira de le régler à la focale minimale. Si l'on est équipé d'un objectif à focale fixe, le
seul moyen sera de s'éloigner suffisamment pour que tous les éléments entrent dans le champ.
Une fois les alignements réalisés, il suffira de resserrer le cadrage de façon à obtenir la composition désirée. Il faudra
effectuer cette opération tout en conservant ces alignements. L'opération est facile à réaliser avec un zoom, en augmentant
la focale (donc en diminuant l'angle de champ). Avec un objectif à focale fixe, la seule solution sera de se rapprocher du
sujet tout en concervant les alignements.