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COURS = Prise de vue numerique (Chapitre_4) - VERSION: 1.0 (M.A.J: 28/11/09)
- AUTEUR(s): Bernard GIACOMONI
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IV.MISE AU POINT ET PROFONDEUR DE CHAMP.


IV.1.INTRODUCTION:


IV.1.1.PROBLEMATIQUE DE LA MISE AU POINT:

La mise au point sur un élément de l'espace objet consiste à régler l'appareil de façon à ce que l'image de cet élément apparaisse nette sur la photographie. Ceci implique que cette image se forme le plus près possible du panneau de photosites. Or, nous avons vu au chapitre II que la distance à laquelle se forme l'image d'un point par rapport au point nodal image dépend de l'éloignement de ce point et de la distance focale de l'objectif.
La plupart des objets photographiés n'ont pas la forme d'un plan vertical. Les différents points de leur surface apparente sont donc très rarement à la même distance de l'objectif. L'image de cette surface n'est donc presque jamais plane. De ce fait, il est impossible de la faire coïncider totalement avec le plan des photosites. Il faut donc se contenter d'un positionnement "moyen", assurant une netteté suffisante pour tous les points de l'élément. Par exemple, dans le cas d'un visage pris de face, la mise au point se fera sur un oeil, dont la distance à l'objectif est intermédiaire entre celle du nez et celle des oreille.


mécanisme de mise au point


IV.1.2.PROBLEMATIQUE DE LA PROFONDEUR DE CHAMP:

D'une part, lorsqu'un objet possède des dimensions importantes (une automobile vue de trois-quarts, par exemple), il peut exister une différence de distance importante entre deux points de la surface apparente. D'autre part, une photographie peut représenter des détails de l'environnement situés à des distances très différentes les uns des autres. Si l'on désire obtenir une netteté suffisante sur l'ensemble de ces élements, il faut que l'appareil soit réglé de façon à obtenir une PROFONDEUR DE CHAMP suffisante.


DEFINITION:
La profondeur de champ est définie par l'intervalle des distances à l'objectif entre lesquelles l'image d'un point situé dans cet intervalle se forme sur les photosites avec une netteté satisfaisante.


ProfondeurDeChamp



IV.2.ASPECT TECHNIQUE:


IV.2.1.LA MISE AU POINT:

PRINCIPE:

Nous avons vu au chapitre II que l'image d'un point se formait d'autant plus près du plan focal que ce point se trouvait éloigné de l'objectif. A l'infini, l'image se forme dans le plan focal. Dès qu'un point se trouve éloigné de plus d'une centaine de mètres, son image se forme suffisamment près du plan focal pour que l'on puisse considérer qu'elle se confond avec lui. L'image de tout objet situé au delà de cette distance est donc pratiquement plane et située dans le plan focal. Un objet situé au delà d'une centaine de mètres donc peut être considéré comme étant à l'infini.
Lorsque l'objectif subit un mouvement de translation le long de son axe optique, l'image qu'il donne est translatée de la même manière. La mise au point consiste à translater l'ensemble "objectif-image" afin d'amener l'image dans le plan des photosites (voir schema 19). La mise au point sur l'infini est réalisée quand la translation de l'objectif amène son plan focal sur le plan des photosites.


REMARQUE:
La mise au point doit être d'autant plus précise que la distance est faible. En revanche, au delà d'une centaine de mètres, la mise au point sur l'infini convient pour tous les cas.


REGLAGE MANUEL

En mode manuel, la distance de mise au point peut être réglée, par l'intermédiaire d'une bague ou d'une molette. Il faut donc soit avoir une idée assez précise de cette distance, soit apprécier la netteté à l'aide du viseur: cette dernière opération ne peut se faire que si l'on est équipé d'un reflex qui permet d'observer directement l'image donnéee par l'objectif.


REGLAGE AUTOMATIQUE

En mode automatique, la mise au point est prise en charge par l'électronique de bord (Système AUTOFOCUS). Nous avons vu au chapitre II qu'il en existait deux sortes: les autofocus actifs et les autofocus passifs. Quel que soit le système, la mise au point est faite sur le premier objet qui est rencontré sur l'axe de visée de l'appareil, ce qui soulève trois problèmes:
  • Lorsque la visée est faite au moyen d'un écran lcd ou d'un viseur électronique, elle est souvent trop peu précise pour que l'on soit sûr de l'objet visé. Il est donc assez illusoire d'espérer obtenir une bonne netteté.
  • D'autre part, hormis dans le cas d'un viseur reflex, l'axe de visée se trouve décentré de quelques centimètres par rapport à l'axe optique. On ne vise donc pas exactement le détail sur lequel la mise au point sera faite. Ceci peut avoir son importance dans le cas d'un plan rapproché, et plus encore d'un gros plan, surtout si la profondeur de champ est faible.
  • Enfin, nous avons vu qu'il est assez rare que l'on positionne le sujet principal au centre de l'image. De ce fait, si l'on n'y prend pas garde, la mise au point automatique peut se faire sur une distance qui n'a rien à voir avec celle du sujet.
Dans le premier cas, il n'y a pas grand chose à faire. Dans le deuxième, il est possible de décentrer un peu la visée pour obtenir une mise au point plus judicieuse. Dans le troisième cas, il est possible de résoudre le problème en utilisant une particularité du fonctionnement des appareils:
Lorsque les déclencheurs des appareil photographiques sont enfoncés à moitier de leur course, l'électronique de bord effectue les réglages d'autofocus. En général, il est possible d'observer dans le viseur la progression de ces réglages et de déterminer quand ils sont acquis. La prise de vue peut alors être déclenchée en enfonçant totalement le bouton. Il est donc possible, avec un peu d'habitude, de viser d'abord le sujet principal, pour que l'autofocus fasse la mise au point sur lui, puis, une fois celle-ci terminée, sans relâcher le déclencheur, de changer de visée pour adopter le cadrage définitif, avant d'enfoncer totalement le déclencheur. Ceci permet donc, en mode automatique, de contrôler presque totalement la mise au point.


REMARQUES:
  • Les objectifs des reflex possèdent souvent une bague de réglage qui permet d'affiner la mise au point automatique.
  • Parfois, la mise au point automatique peut être effectuée de deux façons différentes: dans le premier cas, lorsque le déclencheur est à mi-course, le réglage est effectué une seule fois et conservé tant que le déclencheur n'est pas relâché. Dans le deuxième cas, la mise au point est effectuée en continu. Il faut donc placer l'appareil dans le premier cas pour effectuer la manipulation ci-dessus.


IV.2.2.LA PROFONDEUR DE CHAMP:

PRINCIPE:

En pratique, du fait des imperfections inévitables de leur réalisation, la convergeance des objectifs ne peut être parfaite. De ce fait, les rayons lumineux issus d'un détail ponctuel de l'espace objet ne convergent qu'approximativement dans l'espace image. Il n'existe donc pas un point de convergence, mais plutôt une zone dans laquelle les rayons lumineux se croisent de suffisamment près pour être considérés comme convergeants. Lorsque le panneau de photosites intercepte cette zone, l'image du détail qui se projette à sa surface a sensiblement la forme d'un petit cercle, dont la dimension varie en fonction de la position du panneau et de la qualité de la convergence de l'objectif. Ces cercles sont appelés "CERCLES DE CONFUSION":


ProfondeurDeChamp


La mise au point, pour un détail ponctuel, est donc obtenue quand la translation de l'objectif sur l'axe optique minimise la taille des cercles de confusion sur le panneau de photosites (sur le schéma, cela correspondrait à la deuxième position). Cependant, une image photographique étant constituée par l'ensemble des images des détails ponctuels qui la composent, et ceux-ci pouvant être situés à des distances différentes, il faudra trouver un moyen de restituer nettement tous les détails qui entrent dans notre composition.
La mise au point minimise la taille des cercles de confusion pour les détails appartenant à l'objet sur lequel elle a été effectuée. Pour les autres objets de la composition, les cercles de confusion seront d'autant plus importants que leur distance diffère de la distance de mise au point. Cependant, autour de cette distance, il existera forcément un intervalle à l'intérieur duquel les cercles de confusion seront assez petits pour que l'image apparaîsse nette. La largeur de cet intervalle, qui représente la PROFONDEUR DE CHAMP, peut être adaptée aux exigences de la composition au moyen de réglages que nous allons découvrir ci-dessous.


REGLAGE DE LA PROFONDEUR DE CHAMP:

La profondeur de champ d'un objectif dépend de deux paramètres: sa DISTANCE FOCALE et son OUVERTURE:
  • D'une part, la profondeur de champ est d'autant plus grande que la distance focale est courte. De ce fait, les focales courtes conviennent bien aux scènes d'extérieur, aux paysages, car elles permettent un bon rendu des arrières-plans Les focales longues, qui induisent de faibles profondeurs de champ, conviennent mieux aux plans rapprochés, aux portraits, pour lesquels un arrière plan flouté n'est pas un défaut grave et peut même être recherché. Les téléobjectifs, dont la focale est très longue, ont des profondeurs de champ très faibles, mais comme ils sont destinés à photographier à des distances ou tous les objets peuvent être considérés à l'infini, le défaut se trouve atténué.
  • D'autre part, pour une focale donnée, la profondeur de champ est d'autant plus grande que l'ouverture est faible. Une manière d'améliorer la profondeur de champ est donc de diminuer l'ouverture. Inversement, pour obtenir un arrière-plan flouté, il suffira de l'augmenter. Il est facile de comprendre, en regardant le schéma n° 21, que le fait de réduire le diamètre d'ouverture du diaphragme permet d'éliminer les rayons lumineux les moins convergeants: ceci entraîne la réduction de la taille des cercles de confusion et par conséquent, améliore la netteté. En revanche, la quantité de lumière entrante (donc, la luminosité de l'image) s'en trouve réduite.

DISTANCE HYPERFOCALE:

Pour certains types de scène, il peut s'avérer difficile, voire impossible, d'effectuer une mise au point correcte. C'est le cas pour certaines scènes de rue, photographies sportives, reportages événementiels, etc. Dans ce cas, la solution est de régler l'appareil sur la DISTANCE HYPERFOCALE:
Lorsque la mise au point est faite "à l'infini" (c'est à dire lorsque l'image est dans le plan focal) tous les détails éloignés apparaîssent nets. Cette netteté diminue progressivement lorsqu'on se rapproche de l'objectif. Il existe donc une distance en-deça de laquelle la netteté devient insuffisante: c'est la distance hyperfocale. Celle-ci peut être évaluée par la formule:


H = F2 / (f*c)
Avec:
H = Distance hyperfocale
F = Distance focale
f = nombre d'ouverture
c = diamètre des cercles de confusion (en général, on prend 0,03 mm).


Par exemple, pour un appareil équipé d'un objectif de focale 45 mm et dont l'ouverture est réglée à la valeur f/11, la distance hyperfocale est égale à: (45)2 / ( 11* 0,03 ) = 6136 mm, ce qui permet d'avoir une image nette de 6 m à l'infini.
Ce type de réglage est souvent utilisé pour les appareils jetables. C'est également le réglage utilisé par certains modes de prise de vue automatique spécialisés (mode "scènes") des appareils plus élaborés (type "reportage" ou "scène de rue", etc.).


IV.3.CONCLUSION:


La mise au point peut, la plupart du temps, être effectuée en mode automatique. Il faut cependant prendre garde au fait que l'autofocus effectue sa mise au point sur le premier objet qu'il rencontre dans l'axe optique de l'objectif: ce n'est que très rarement un bon choix. Il faut donc effectuer, déclencheur enfonçé à mi-course, une première visée sur un objet qui soit pertinent par rapport à la composition que l'on veut obtenir, avant de se recadrer pour déclencher la prise de vue.
Le réglage de la profondeur de champ peut être entièrement prise en compte par l'électronique de bord. Cependant, le résultat n'est pas forcément garanti lorsqu'on désire faire figurer dans une photographie des détails situés à des distances très importantes par rapport au sujet principal (par exemple, lorsqu'on désire photographier un sujet assez éloigné avec un élément de premier plan très rapproché). Dans ces cas, si l'on ne dispose pas d'un mode "scène" approprié, on peut être amené à contrôler soi-même la profondeur de champ.
La focale déterminant l'angle de champ. Il est difficile de l'utiliser pour améliorer la profondeur de champ, car cela reviendrait à remettre en cause le cadrage. La variation de l'ouverture est donc le paramètre à utiliser pour agir sur la profondeur de champ. La solution est de passer soit en mode manuel, soit en mode semi-automatique PRIORITE A L'OUVERTURE, qui laisse à l'opérateur le soin de régler manuellement l'ouverture (voir le mode d'emploi de l'appareil), et qui se charge de corriger la durée d'exposition et la sensibilité en fonction de l'ouverture choisie manuellement (la deuxième solution est évidemment plus facile si l'on n'est pas un photographe émérite!)
En effet, il ne faut pas oublier que diminuer l'ouverture diminue également la luminosité de l'image: pour compenser, il faudra peut-être augmenter la durée d'exposition ou la sensibilité, ce qui n'est pas forcément sans conséquence.



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